MÉCOPTÉROÏDES

MÉCOPTÉROÏDES
MÉCOPTÉROÏDES

Le super-ordre des Mécoptéroïdes groupe quatre ordres d’insectes: les Mécoptères, les Trichoptères, les Lépidoptères et les Diptères. D’un aspect extérieur aussi différent qu’une mouche et un papillon, ces insectes n’en présentent pas moins de nombreux caractères communs. Ce sont des insectes holométaboles (à métamorphoses complètes); leurs larves sont de type éruciforme ou vermiforme; leur nervation alaire et leurs pièces buccales présentent des parentés certaines. Les Mécoptères, dont le type est la panorpe, sont les plus primitifs d’entre eux et constituent peut-être la souche de tout cet ensemble que l’on a parfois appelé «complexe panorpoïde». L’importance numérique de ces quatre ordres est très dissemblable: tandis que les Mécoptères et les Trichoptères ne comprennent qu’un très petit nombre d’espèces, les Lépidoptères et les Diptères sont des groupes immenses qui présentent en entomologie un très grand intérêt théorique et économique. Aussi un article distinct est-il consacré à chacun d’entre eux. On se bornera donc ici à traiter des Mécoptères et Trichoptères et à donner un aperçu sur l’origine et la filiation de ces ordres.

Les Mécoptères

Le type en est la panorpe (Parnopa communis ), ou «mouche-scorpion», insecte parfaitement inoffensif, qui doit son nom à l’extrémité postérieure de l’abdomen du mâle relevée agressivement sur le dos, mais dépourvue de tout appareil piqueur, car seule l’armature génitale, pourvue de deux puissants gonopodes formant pince, y est logée.

Les adultes apparaissent au printemps et en été. Malgré leurs quatre ailes membraneuses, leur vol est incertain et ils ne s’élèvent guère au-dessus du sol. La tête, verticale, est prolongée par un très long rostre, à l’extrémité duquel s’insèrent les pièces buccales de type broyeur. Ces insectes se nourrissent, en effet, de cadavres frais d’insectes, mais ne s’attaquent pas à des proies vivantes. Ils aspirent aussi le nectar de certaines fleurs. En captivité, ils acceptent les fragments de fruits (pommes). Les ailes postérieures sont accrochées aux ailes antérieures par un dispositif à frein qui rappelle, en plus primitif, celui qu’on observe chez les Trichoptères et les Lépidoptères.

Les parades nuptiales des panorpes sont tout à fait curieuses. Le mâle qui rencontre une femelle fait d’abord vibrer ses ailes, puis crache une goutte de liquide qui se coagule, formant une boulette grosse comme une tête d’épingle, que la femelle vient manger; le mâle profite de ce moment-là pour s’approcher d’elle et saisir son abdomen avec son puissant forceps. Pendant toute la durée de la copulation – qui peut être fort longue (jusqu’à plusieurs heures) –, le mâle crache d’autres boulettes que la femelle mange de la même manière.

Les œufs sont déposés en terre. Les larves sont de type éruciforme et rappellent beaucoup les chenilles des Lépidoptères, car elles possèdent trois paires de pattes thoraciques et de fausses pattes abdominales d’un type très simple dépourvues de musculature ou de crochets. Mais le dixième segment abdominal possède un appareil de fixation dit «pygopodial», qui correspond à la partie terminale du rectum extroversé, muni de crochets, qui fonctionne comme une ventouse; il permet à la larve de se déplacer à la manière d’une chenille arpenteuse. Les pièces buccales de cette larve carnivore sont de type broyeur et rappellent celles des chenilles de Lépidoptères; comme chez ces dernières, le labium est réduit et le pore salivaire s’ouvre entre deux moignons (palpigères). Cependant, les larves de Mécoptères ne tissent plus de soie. La nymphose a lieu dans le sol dans un cocon terreux imbibé de salive. La nymphe est libre et la durée de la métamorphose est variable selon les espèces et la saison, l’hibernation ayant lieu sous forme de prénymphe.

Les Trichoptères

Les Trichoptères, ou phryganes, sont des insectes dont l’aspect est assez voisin des papillons; cependant, leurs ailes ne sont pas recouvertes d’écailles, mais de poils nombreux formant souvent des franges marginales, d’où le nom de l’ordre. Au repos, ces ailes sont disposées en toit. L’appareil buccal, primitivement de type broyeur, est modifié chez l’adulte par la régression des mandibules et la formation d’une sorte de mufle maxillo-labial. Les adultes s’éloignent assez peu des eaux où ils ont vécu à l’état larvaire. Ils sont souvent crépusculaires, et, de jour, ils demeurent blottis dans les broussailles et les herbes basses ainsi que dans les crevasses des rochers ou des arbres. Leur activité commence avec le déclin du jour et ils volent près des eaux, soit isolément, soit en groupe, parfois en véritables essaims. Pour pondre, les femelles descendent en général sous l’eau, soit en marchant, soit en nageant. Les œufs sont émis par paquets enrobés dans une substance qui les fixe au substrat. Il existe deux types de pontes: les pontes cimentées et les pontes gélatineuses.

Les larves, toujours aquatiques, sont généralement de type éruciforme, bien qu’il existe quelques larves dites campodéiformes (elles ont trois paires de pattes thoraciques, mais ne possèdent qu’une seule paire de fausses pattes abdominales sur ce dernier segment du corps). En revanche, elles sont généralement pourvues de trachéobranchies le plus souvent localisées sur l’abdomen, mais quelques Rhyacophila et Hydropsyché ont aussi des branchies thoraciques. Les pièces buccales sont de type broyeur et rappellent beaucoup celles des chenilles de Lépidoptères. Le labium, très petit, porte la filière où débouche le canal des deux glandes séricigènes de structure analogue à celle des chenilles des papillons. Les larves peuplent toutes les eaux douces, froides et rapides, ou stagnantes. Elles se logent dans des abris mobiles qu’elles traînent avec elles en se déplaçant. Cet étui, ouvert aux deux extrémités, est tissé en soie et le plus souvent recouvert de matériaux divers.

Suivant la nature des matériaux employés, on peut distinguer deux grands types de fourreaux: les fourreaux végétaux et les fourreaux minéraux. Les premiers peuvent être seulement formés de fragments de tige creuse ou creusée par la larve (d’où leur nom vulgaire de «porte-bois»), mais certaines espèces bâtissent un étui cylindrique avec des fragments de feuilles (Phryganea ) ou de brindilles disposées longitudinalement ou transversalement (certains Limnophilides). Les fourreaux minéraux sont construits en sable ou en gravier; certaines espèces y ajoutent des coquilles de petits Gastéropodes. À côté de ces fourreaux droits, il existe aussi des fourreaux courbes ou hélicoïdaux. Enfin, certaines espèces (à larves campodéiformes) construisent des filets de soie qui leur servent à la fois d’abri et de moyen de capture des proies. En eau courante, ces filets sont en forme de nasse ou d’entonnoir; en eau stagnante, ce sont des filets-pièges où viennent s’empêtrer de petits animaux que la larve capture. La nymphe des Trichoptères est aquatique et possède des trachéobranchies, ce qui est exceptionnel chez les Insectes.

Origine et filiation des Mécoptéroïdes

C’est A. Handlirsch (1908), qui, le premier, soutient que Trichoptères, Lépidoptères et Diptères étaient issus, indépendamment, des Mécoptères. R. J. Tillyard (1918-1937) a étayé cette hypothèse en utilisant les documents paléontologiques et les données de l’anatomie comparée.

Les Mécoptères constituent dans la nature actuelle l’un des ordres numériquement les plus pauvres (vingt-trois genres et trois cents espèces). Mais ils ont connu leur apogée au Permien et sont restés encore très nombreux au Trias et au Lias. Au cours de ces longues périodes, ils se sont diversifiés en un certain nombre de types dont beaucoup ont disparu. Les Mécoptères actuels, comme les Reptiles, représentent donc des reliques (cf. tableau); ce ne sont pas eux qui ont donné naissance aux Lépidoptères et aux Diptères, mais certains Mécoptères permiens (tels que les Permochoristidés, les Paratrichoptères et les Protodiptères). Même actuellement, les Mécoptères sont avec les Névroptéroïdes les plus archaïques des Holométaboles, et si on ne connaît aucune forme de passage certaine entre les Mécoptères et les Trichoptères, du moins les données de l’anatomie comparée confirment-elles leur parenté.

Il en est de même pour l’origine des Lépidoptères qui ont une parenté certaine avec les Trichoptères et en descendent peut-être directement sans que cela soit vérifiable puisque les plus anciens Lépidoptères connus datent seulement de l’Éocène. Il est plus vraisemblable que les Lépidoptères ont eu les mêmes ancêtres que les Trichoptères, probablement au Trias (ancêtre sans doute apparenté aussi aux Permochoristidés), et que, jusqu’au Jurassique supérieur, ils n’ont été représentés que par des types archaïques tels que les Microptérygidés et les Hépialidés; le grand développement des Lépidoptères a coïncidé avec l’apogée des plantes à fleurs.

Quant aux Diptères, ils seraient issus directement de certains Mécoptères fossiles, comme le montrent les ressemblances qui existent entre certains Nannochoristidés et certains Diptères Nématocères archaïques (Blépharocéridés).

Enfin, l’aile de Permotipula ressemble tellement à celle d’une Tipule que Tillyard l’avait attribuée à un Diptère, jusqu’au jour où il retrouva un exemplaire fossilisé avec les quatre ailes, ce qui lui assignait sa place parmi les Mécoptères et conduisit à la création du groupe des Protodiptères.

mécoptéroïdes
n. m. pl. ENTOM Super-ordre d'insectes néoptères aux ailes membraneuses très développées, comprenant les mécoptères, les trichoptères, les lépidoptères (papillons), les diptères (mouches) et les siphonaptères (puces).
Sing. Un mécoptéroïde.

mécoptéroïdes [mekɔpteʀɔid] n. m. pl.
ÉTYM. 1963, Larousse; de mécoptère, et -oïdes.
Zool. Super-ordre d'insectes comprenant les mécoptères, diptères, lépidoptères et trichoptères (ou phryganes).Au sing. || Un mécoptéroïde.
tableau Classification des insectes.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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